Pour savoir si le projet Montpertuis faisait peser des risques sur notre eau potable, nous avons interrogé le Dr. Rafael Angulo-Jaramillo, chercheur au CNRS de Lyon, au laboratoire d'écologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés. Physicien et spécialiste de l'infiltration dans les sols, il nous a donné son avis personnel, et non l'avis officiel du CNRS.
Avec le bioéthanol, faut-il craindre une pollution des eaux souterraines?
La qualité des nappes phréatiques est essentielle pour la santé et le bien être des populations. Or, la pollution des eaux souterraines est fréquente, généralement dûe à des activités agricoles ou industrielles. Les sources de pollution des eaux souterraines sont très diverses et dépendent des conditions d’écoulement et des facteurs physiques et géochimiques du sol.
Ce type de pollution peut se manifester à des temps très variables, parfois très longtemps après la survenue d'un évènement polluant, et peut être difficile à éliminer.
Dans un complexe industriel comme celui qui est envisagé, une pollution des sols et des eaux n’est pas à exclure, notamment parce que ces procédés sont très gros consommateurs d’eau. La production de bioéthanol nécessite 2,5 fois plus d’eau que la pétrochimie par litre de carburant produit.
Le problème des répercussions éventuelles sur les nappes phréatiques ne doit donc pas être oublié lors de l'évaluation environnementale du projet.
Les eaux souterraines sont-elles polluées, actuellement?
En effet, il semble que la nappe phréatique soit déjà polluée sous le site de Montpertuis-Palazol. On peut s'en rendre compte en consultant la base de données BASOL sur les Sites et Sols Pollués du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, qui est disponible sur Internet (ici ).
Cette source indique que le 24 septembre 2016, certains polluants étaient présents dans les sols et dans la nappe phréatique à des teneurs anormalement élevées: arsenic, cuivre, plomb et solvants halogénés dans les sols ; solvants halogénés dans les eaux souterraines; et bien sûr, des produits explosifs dans les sols.
Y a-t-il des conséquences sur notre eau potable?
Ce n'est pas à exclure. La nappe phréatique est peu profonde, 4 à 5 mètres sous la surface du sol. De plus, elle se situe dans le périmètre de captage des eaux du bassin de Vichy.
La source BASOL indiquait l'utilisation de la nappe pour l’Alimentation en Eau Potable (AEP), même si cette notation a disparu dans la version de juillet 2017 de cette fiche.
Il faut s’assurer que les eaux municipales soient testées pour détecter la présence de solvants halogénés.
Que dire des fameuses eaux de Vichy?
Plus de 250 sources ont été répertoriées à Vichy et dans ses environs. Dans cette zone, les nappes phréatiques sont souvent à fleur de sol. La faible profondeur de ces nappes les rend
particulièrement susceptibles d’être polluées par des activités de surface, notamment industrielles.
L'industrie lourde n'est donc pas recommandée si on veut protéger les nappes phréatiques de ce bassin.
Plus de détails dans ce rapport sur le site de Montpertuis, établi sous la direction du Dr. Angulo-Jaramillo.
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